Histoire de Pierre : présentateur d’un journal télévisé, pour une blépharoplastie

Pierre a 50 ans, il est journaliste présentateur d’un journal télévisé. Il est connu du grand public.

Il vient me consulter il y a 2 ans en janvier, sur les conseils d’une amie.

Il vit à Paris, est marié, a 3 enfants mais vient souvent dans la région.

Il est gêné par son regard qui s’est éteint et terni. Il ne fume pas, fait du sport. Il est en parfaite santé.

Il dort peu compte-tenu de ses horaires de travail (très tôt le matin).

Je le reçois un samedi matin à Bordeaux, en toute discrétion.

S’entame une longue discussion, tant sur son problème physique que sur sa profession, il faut bien le dire, enrichie de ma curiosité et de mon admiration de sa personnalité charismatique. Je connais un peu son milieu, une de mes filles travaillant pour une chaîne concurrente.

Le diagnostic

À l’examen clinique il présente une ptose des paupières supérieures (la peau tombe sur les yeux). On remarque également des poches graisseuses au niveau des paupières inférieures responsables d’un relâchement tégumentaire.

Il est traité par un confrère parisien, dermatologue, pour des injections de Botox 2 fois par an.

Lorsque je lui demande de regarder vers le haut sans bouger la tête, ses poches apparaissent vraiment. Par contre il n’y a pas de ptose de la peau à cet endroit.

Je réalise des photographies, qui bien sûr resteront strictement confidentielles (comme pour tout le monde).

Il n’y a aucun problème ophtalmologique si ce n’est un début de presbytie (l’âge bien sûr). Il ne porte pas de lentilles de contact. Il a consulté un médecin ophtalmologiste dans les mois précédents. En dehors de ce problème, l’examen était normal, en particulier il n’avait aucune hypertension oculaire.

L’examen du fond d’œil était sans particularité. Il n’y avait pas de blépharospasme, ni de blépharite.

Je pose l’indication d’une blépharoplastie

Blépharoplastie des paupières supérieures afin de corriger l’excédent de peau à ce niveau. C’est une peau très fine qui cicatrise très bien.

Blépharoplastie inférieure pour ses poches.

Une longue discussion débute sur l’aspect futur de son regard et sur le fait que si la chirurgie des paupièressupérieures donne des résultats rapidement acceptables sur le plan de la guérison, ce délai peut être rallongé pour les paupières inférieures (cicatrices sous les cils, qui déborde un peu sur le côté externe au niveau du canthus externe de l’œil).

La technique opératoire

Pierre doit pouvoir reprendre ses activités, totalement visible en gros plan au plus vite. Il disposera de 3 semaines (vacances). Compte tenu du peu d’excédent cutané sous ses paupières inférieures je lui propose une technique transconjonctivale.

Il s’agit de passer par l’intérieur de la paupière en incisant délicatement la conjonctive, et par cette voie enlever les poches (il y en a 3 par côté).

Dans ce cas l’intervention se réalise obligatoirement sous anesthésie générale, sécurité oblige, en ambulatoire(sortie le même jour).

Par contre, du fait qu’on ne fera pas de lifting de la paupière inférieure, une greffe de graisse autologue (la propre graisse du patient ou lipostructure) sera nécessaire pour combler la vallée des larmes et éviter ainsi un creux disgracieux. Mais la technique de lipostructure au contact de la peau peut générer des ecchymoses et des oedèmes, qui grâce au maquillage professionnel seront facilement camouflables si elles persistent au delà des 3 semaines. Ainsi les suites opératoires seront bien plus simples et plus rapides.

La consultation se termine dans la bonne humeur et de commun accord, Pierre me recontactera pour un second rendez-vous.

Je lui donne le numéro de mon portable personnel.

Second rendez-vous

3 mois plus tard, appel de Pierre. Nouveau rendez vous fixé, encore un samedi matin. Il viendra passer le weekend sur le bassin d’Arcachon en famille. Le jour en question, nous nous rencontrons à nouveau.

Il est accompagné de son épouse.

Le couple est très agréable, décontracté. Pierre est évidemment en questionnement. Je le rassure sur l’intervention des paupières inférieures. La technique envisagée ne présente aucun risque d’œil rond, de scléral show ni évidemment d’ectropion (paupière tombante).

L’expérience du chirurgien esthétique est primordiale

Ce n’est pas la première fois que j’opère un homme de télévision. Il y a une quinzaine d’années j’avais effectué la même intervention sur un autre journaliste qui présentait une émission télévisée et le cas était plus difficile car il présentait un ptosis congénital de l’œil gauche (chute de la paupière) duquel il avait déjà été opéré par un confrère oculoplasticien.

Tout s’était bien déroulé et il avait repris ses fonctions 2 semaines après l’opération.

Cela étant, cette fois-ci, l’expérience peut-être, les exigences esthétiques et la profession du patient générait chez moi un certain stress bien contenu. Et comme toujours, avec tous les patients, j’essaie de bien cerner ce degré d’exigence, d’attente légitime d’un résultat, et la possibilité pour moi d’y répondre. En réalité je récuse désormais 40% des personnes qui me consultent. Soit pour des raisons d’un rapport bénéfice/risque trop aléatoire, soit du fait du contexte psychologique qui me semble trop difficile (la vraie dysmorphophobie, véritable « folie » d’insatisfaction permanente de son image est en réalité peu fréquente), soit du fait du contexte relationnel tout simplement.

L’empathie du chirurgien nécessaire vis à vis du patient n’est pas toujours possible.

L’aspect financier quant à lui est en réalité peu souvent une barrière infranchissable, tant les patients (es) (le plus souvent des femmes, bien que la demande masculine augmente) sont motivés par leur désir. La réflexion est souvent ancienne et ne remet pas souvent en cause la décision thérapeutique.

Finalement une date opératoire est retenue fin juillet (début de ses vacances). L’ensemble du dossier administratif est géré par ma secrétaire et le rendez-vous anesthésiste est fixé au début du mois de juillet.

Ce type d’intervention du visage, au cours de l’été n’est pas un handicap. Le port de lunettes de soleil est bien sûr nécessaire.

A suivre…

Lire la seconde partie de l’histoire de Pierre